Joseph Ponthus
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Joseph Ponthus - À la ligne
   
En entrant à l’usine
Bien sûr j’imaginais
L’odeur
Le froid
Le transport de charges lourdes
La pénibilité
Les conditions de travail
La chaîne
L’esclavage moderne
 
Je n’y allais pas pour faire un reportage
Encore moins préparer la révolution
Non
L’usine c’est pour les sous
Un boulot alimentaire
Comme on dit
Parce que mon épouse en a marre de me voir traîner dans le canapé en attente d’une embauche dans mon secteur
Alors c’est
L’agroalimentaire
L’agro
Comme ils disent
 
 Une usine bretonne de production et de transformation et de cuisson et de tout ça de poissons et de crevettes
Je n’y vais pas pour écrire
Mais pour les sous
 
À l’agence d’intérim on me demande quand je peux commencer
Je sors ma vanne habituelle littéraire et convenue
« Eh bien demain dès l’aube à l’heure où blanchit la campagne »
Pris au mot j’embauche le lendemain à six heures du matin